Quand les réalisatrices abordent l’hystérie féminine de la Salpêtrière : Augustine (2012) d’Alice Winocour et Le bal des folles (2021) de Mélanie Lauren

Abstract

L’épisode historique des femmes « hystériques », soignées par le célèbre neurologue Jean-Martin Charcot dans le service psychiatrique de la Salpêtrière, est riche en enjeux de genre et en implications idéologiques. Cet article analysera en quoi ce sujet permet à deux réalisatrices – Alice Winocour et Mélanie Laurent – de réexaminer à leur manière les dynamiques du pouvoir du patriarcat au XIXe siècle ainsi que les mécanismes du regard masculin, et d’imaginer les stratégies d’ajustement tout comme de résistance de ces femmes. Si Laurent et Winocour convergent dans leur désir de revaloriser la figure de l’hystérique, leur féminisme s’incarne différemment. Le Bal des Folles dénonce de manière inéquivoque un régime foucaldien d’oppression des marginales et met en avant le pouvoir de la sororité. Augustine d’autre part, se concentre sur des rapports humains corrompus par des enjeux de pouvoir et d’exploitation corporelle, explorant des préoccupations contemporaines concernant le désir et le female gaze.